released June 26, 2019
"(...) Deux morceaux de 15 minutes, durée permettant le déploiement progressif, autant que la pertinence due au format des deux faces du vinyle, deux morceaux de même humeur, celle de la claudication et des rutilances analogiques, les guitares elles-mêmes calant leur timbre sur celui des orgues. Les phases mélodiques, obligeant rapidement au fredonnement, s’imposent malgré la rigueur et la robustesse des squelettes rythmiques. Le premier morceau (la première face) éponyme du disque, montre ce jeu d’équilibre entre ce que la guitare ne veut abandonner (elle se revêt de delay) et la domination des orgues, ainsi le veut le fantôme krautrock circulant dans tout l’album. Rapidement, un pont de quelques dizaines de secondes, évoquant les extrémités le plus chaudes (voire, osons le mot, disco-funk) de Kraftwerk, vient poser la limite (discutable) du genre alors qu’ailleurs c’est plutôt une autre sorte de répétition qui domine : mécanique orangée, circularité analogique, bielles refroidies.
Mais il me semble que le sommet de ce disque se trouve sur le deuxième morceau, Toucan expansé, variation sur le thème d’un extrait du précédent album. Il impressionne par la pression vissée exercée sur le motif principal du clavier. Pan Sonic ont parfois effleuré la surface d’une apparition pop. Ici certains de leurs sons s’y baignent. La musique s’élabore par strates apparemment figées dans leur motif mais avec un peu d’attention, ou au contraire un peu d’abandon à la transe qu’ils génèrent, on contemple un subtil panorama de variations déclenchant l’envie d’un « static dancing » que le funk blanc avait su sublimer depuis les antithèses du post-punk réfrigéré et des séquences rythmiques échauffées. Je pense ici à un train suspendu, un volatile mécanisé dont les plumes augmentées, comme autant de wagons sur le monorail ou dans le couloir magnétique, propose un vol rectiligne, éminemment nocturne : le rêve en mouvement." Denis Boyer -
Feardrop.net 09/2019